vendredi 1 avril 2016

Un premier avril sans saveur.


Il m’est arrivé quelque chose de magique pendant nos  3 semaines de vacances en Polynésie : j’étais complétement déconnectée.  Je n’avais pas ou alors que peu de connexion internet, juste suffisamment pour pouvoir poster une à deux photos par jour, et encore …

On ne regardait pas la télé, ou alors on ne regardait que la section météo pour  avoir des nouvelles de la « dépression » qui menaçait les Îles du vent et qui pouvait altérer notre programme de visite de la Polynésie. Je ne suivais pas ou peu les médias sociaux, ne lisais pas les journaux et ne me laissais donc pas envahir, agresser, par toutes les horribles choses qui se passent partout dans le monde. J'étais dans une petite bulle.



Et puis  comme toute chose à une fin, surtout les bonnes choses, retour à la vie normale. Et retour à ma réalité de privilégiée. En bonne santé, bien entourée, avec un travail, une famille et des amis qui m’aiment. Avec un accès à l’eau potable, à l’électricité, à Internet et même Netflix depuis peu (pas mais pas encore la nouvelle saison de House of Cards !!!!). Je peux sortir, m’amuser, faire des projets d’escapades et de voyages, et même avoir des rêves à nourrir et à caresser.

Mais la réalité de ce qui se passe ailleurs me rattrape à tous les moments de la journée.

Des fous qui se prétendent musulmans et qui se font exploser sans discernement, emportant avec eux grands et petits, pour je ne sais quel projet idéologique ou récompense céleste fumeuse. Afghanistan, Nigeria, Turquie, Belgique, France, Irak, Libye, Tunisie, Indonésie, Pakistan, Syrie, Irak, Mali, Côte d’Ivoire et j’en oublie certainement d’autres.  Des pays meurtris, des familles déchirées, des populations apeurées, tristes, en colère…

Des pays en guerre, avec comme victimes des innocents, encore et toujours, qui n’ont plus  le privilège, comme moi, comme toi, d’avoir des projets et de caresser des rêves, si ce n’est celui de survivre chaque jour à la fois. Des petits et des grands, qui n’ont rien demandé à personne. Qui se sont réveillés un jour, moche, pour ne plus trouver de toit sur leurs têtes. Ces gens, ça aurait pu être moi, toi. La seule chance qu’on a, est celle d’être né ailleurs. Donc aucun mérite. De la chance, tout simplement.

Des pays qui se déchirent avec des mots, des gestes, qui montent les uns contre les autres. Des pays démocratiques, qui aiment donner l’exemple mais qui oublient de balayer devant leurs portes. Des ministres qui ne pèsent pas le poids de leurs mots et font des comparaisons foireuses, des élus qui alimentent le feu et brandissent un doigt accusateur vers des personnes, comme moi, comme toi, qui n’ont rien demandé à personne et qui veulent bien aussi continuer à caresser leurs rêves, sans avoir peur de discriminations, voire d’agressions dans une allée mal éclairée.

On se focalise sur les intentions cachées derrière un bout de tissu sur la tête, on chipote sur la longueur d’une jupe et la largeur d’une robe. On confond, on met tout le monde dans le même sac.
On oublie les vrais problèmes, le manque d’espoir chez les jeunes, les toxicités qui nourrissent nos corps, nos cœurs et nos âmes. On regarde arriver la haine et le racisme qui galopent, cheveux dans le vent,  mais dans la main et qui s’installent tranquillement, sans que ça dérange grand monde.

Aujourd’hui c’est le 1er Avril. Et je n’ai pas le cœur à la légèreté. Ma raison me dit d’arrêter de lire les journaux,  de suivre les médias sociaux mais mon cœur n’est pas dupe. La souffrance est là, la tristesse et la colère aussi. Ainsi que la haine et l’hypocrisie.  Et ce n’est pas en se coupant du monde, que sa détresse dispaîtra.

1 commentaire:

  1. Merci pour ce très beau texte qui me touche particulièrement. A travers tes mots, je retrouve mon ressenti actuel...

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